(camp indien par George Catlin)

Chevauchées dans les steppes

De la Terre à Rhéa : deuxième partie

(Rhéa, 2788 – Socrate, Turaan et les autres)

1 – Retour à la réalité (fin, été 2788 / 2139)

 

Que les Dieux se chargent de mes amis,

pour mes ennemis je m’en charge

Attribué à Voltaire mais remonterai à Antigonos II Gonotas (-319 à -239).

Cela irait bien aussi au Cardinal de Retz.

 

Deux mois sont passés, très chargés. Nous avons parcouru, observé, photographié, cartographié, classé, découpé, passé au microscope, au télescope… à tour de bras. Et nos exposés sont devenus bihebdomadaires, sans compter que les soldats viennent souvent me consulter pour tout et n’importe quoi. Le seul défaut, ce sont Chenet et Rasta : ils s’emmerdent alors ils cherchent à tout contrôler, réglementer, veulent des rapports chaque fois qu’on va chier… ça y est, je me mets à parler comme eux. Mais ça glisse, nous répondons « oui, oui » ou nous ne répondons pas, et faisons à notre guise, notre attitude a même contaminé leur troupe. Enfin, non, le vrai défaut est que nous ne voyons toujours pas pourquoi nous sommes là – et malgré notre agitation, et nous n’avons toujours pas de chevaux.

Ce soir, nous nous sommes accordés une pause, un peu trop bien arrosée et nous sommes en train de prendre l’air à six pour essayer de dissiper les vapeurs en utilisant nos copains comme oreillers, Bronie pour Amelia, Hiram pour Hannah (notre trop belle météorologue l’a violé avant moi) et Florin pour moi – c’est le benjamin des militaires qui est là pour ses compétences en tant que chasseur, nous avons sympathisé pendant mes exposés, mais lui ne sait pas exprimer son amour autrement que par les jeux sexuels (doué d’ailleurs), et moi je l’ai peut-être confondu avec le Damien de mes dix-huit ans. Amelia est complétement partie et, comme je lui demande,

  • Depuis quelque temps je trouve les soldats très lourds. Ils me font des allusions paillardes, des invites à peine camouflées, pas à toi ?
  • Non, mais ça m’étonne pas, oups. Il y en a un ici qu’est un vrai gamin burp et qui croit intelligent d’é…taler hips toutes les fantaisies amoureuses auxquelles vous vous livrez, oups !

Je me tourne vers Florin qui devient encore plus rouge et qui bafouille, mais Amelia remontée à fond reprend, malgré Bronie qui tente de la calmer,

  • Amelia, t’as trop poussé sur le punch, tu devrais…
  • Moi c’que j’vois c’est qu’il a dans ses bras la fille oups la plus remarquable de la base, une perle hips et tous les matins il devrait bé bé bénir le bon dieu pour la chance qu’il a de lui plaire encore… et fermer sa grande gu… euh, je m’sens vraiment pas bien, oh ça tourne, j’vais aller vomir.

Elle s’est levée, soutenue par Bronie et s’est trainée au pied de l’arbre le plus proche. Je me redresse et me tourne vers Florin – moi aussi j’ai forcé sur le punch, et

  • Florin, t’as entendu c’qu’elle a dit Amelia ?
  • Euh, elle est bourrée, elle dit n’importe quoi.
  • Bourrée, ‘core plus que moi, sûr oups, mais Amelia n’dit jamais n’importe quoi, même bourrée ! j’suis pas bien moi aussi…

J’ai la tête qui tourne, je me suis levée, me suis appuyée à un arbre, et soudain je me suis mise à pleurer, j’suis tombée à genoux, j’arrivais plus à m’arrêter, et quelqu’un a mis ses mains sur mes épaules, m’a aidé à me redresser, mais ce n’était pas Florin.

  • Turaan, n’écoutes pas les imbéciles, Amelia a raison, t’es quelqu’un de remarquable, tous ceux qui viennent à tes exposés le savent.
  • Hiram, j’en attendais tant de cette exploration ; mais depuis deux mois, c’est comme si nous étions restés sur Terre.
  • Toi, tu ne t’es pas amenée en voyage, t’était prête pour cette aventure… mais pas eux !

Pourtant j’ai aimé, étendue, couchée dans ces grandes herbes, les voir bouger dans le ciel au-dessus de moi, pendant que mon copain me faisait mille mignardises ; ou debout, les bras appuyées sur une branche d’un frêne qui part à l’horizontale, regarder monter les étoiles dans le ciel du crépuscule entre ses feuilles, et sentir monter en moi mille plaisirs quand derrière moi, il me caressait, m’accolait ; ou encore le faire tomber dans la prairie, puis le chevaucher gaillardement, pendant que ses mains me caressaient de partout et que toutes les herbes me chatouillaient. Mais les mots d’amour, il ne sait pas les formuler, les gestes de tendresse ne sont qu’esquisses, il est resté dans le café avec ses copains sur Terre, et je ne suis qu’une copine.

Quelques jours sont passés depuis cette soirée trop arrosé. Nous devons partir demain, presque tous les scientifiques, pour une bonne semaine plein sud. Sinon je bats froid à Florin et ne lui adresse plus la parole. Et justement, il frappe à ma porte, je lui ouvre, vais pour l’envoyer paitre, mais il a un air de chien battu, et,

  • Florin, tu voulais me dire quelque chose ?

Envoie-le chier, mais pourquoi tu l’écoutes ! me murmure le diable de mon épaule gauche.

  • Turaan, euh, voilà, tu sais Daniélou, l’aut’crétin d’sergent, il revient d’une sortie et je lui demande, sans penser à mal « Sergent, vous avez fait des découvertes ?”. Il me prend au col et me crache « c’est ça, pour que t’ailles le rapporter à ta, enfin bon » et il ajoute « d’ailleurs tu vas être rapatrié vite fait, on peut p’us t’faire confiance ». Enfin me rapatrier, c’est pas lui qui décide, mais bon, ils veulent sans doute vous cacher des trucs, voilà alors j’ai pensé euh, enfin…

Le « enfin bon » résigné doit remplacer au mieux « petite pute » connaissant le vocabulaire varié et d’un niveau élevé de Daniélou, mais Florin a eu la délicatesse de ne pas le répéter.

Tu vois, tu as eu raison de pas écouter ce mauvais conseiller, me murmure l’ange de mon épaule droite.

  • T’as bien fait de me mettre la puce à l’oreille ; j’ai pas encore pardonné, mais, pour te remercier…

Et on se roule un patin, mais je le repousse ensuite, « on s’arrête là », et sans pitié pour son air accablé, je referme la porte.

L’ange et le diable se serrent la main entre mes omoplates.

Une pause… je me demande s’il faut prendre le Daniélou au sérieux, mais quand même, Florin est assez intuitif – d’ailleurs trop souvent, il ferait mieux de suivre son intuition plutôt que les copains – alors j’ai un doute et je sors voir Amelia,

  • … t’as eu vent de quelque chose ?
  • Non, mais justement, nos militaires ont l’air plutôt contents de nous voir partir, même Chenet s’est intéressé à notre mission. Il s’est déplacé, a regardé ce que nous projetions de faire, nous a interrogé sur la durée de la mission…
  • Alors ça c’est pas normal ! Ça t’choque pas, toi ?… ‘pas fait tilt ?
  • C’est vrai, mais j’étais tellement concentré sur les préparatifs, tente de s’excuser Amelia.
  • Quelque chose tourne pas rond, j’vais aller voir Hiram.

Lui aussi a trouvé cela suspect et, au moment de sortir,

  • Attends Turaan… tiens emporte ceci. C’est un émetteur-récepteur autonome longue portée, un toki, quoi. J’ai celui qui est en phase. Si j’ai le moindre doute, je vous appelle et en attendant, je vais ouvrir grand les oreilles.

Deuxième soir de notre randonnée ; je cause avec Amelia de Florin,

  • Tu sais, t’avais raison, je crois que je me suis trompée.
  • Vous n’êtes pas mariés, alors c’est pas grave.
  • Non, bien sûr. J’ai fait une confusion avec Damien que j’avais connu il y a cinq ans dans les Cévennes, mais Damien avait quelque chose que ce brave Florin n’a pas. Il est trop malléable, trop prêt à écouter les copains, il n’a pas compris, il est encore sur Terre. C’est dommage, ça gâche ses belles qualités. Et puis ses vantardises…
  • Pas que des vantardises, je te fais confiance.

Elle me regarde avec un sourire en coin, je fais la grimace et elle ajoute, comme pour s’excuser,

  • Ah, c’est ça quand on est la première en tout… même en prouesses amoureuses.
  • Nia nia nia !
  • Hiram et toi, vous êtes passés à côté de quelque chose.
  • Hannah a manœuvré comme à la guerre.
  • Mais tu peux renverser la vapeur. Hannah est belle, elle a de grandes qualités mais un gros défaut.
  • Lequel ? je demande très intéressée,
  • Oh oh, tu te réveilles la gamine, elle me pousse du coude, taquine,
  • Accouche !
  • Elle aussi est restée sur Terre et ne voit ce séjour que comme un tremplin pour une future carrière. Ce n’est pas le cas de toi, et je ne crois pas non plus pour Hiram… finir dans un bureau, il en frémit d’avance.
  • Amelia, tu m’impressionnes des fois, Bronie a bien choisi – enfin vous vous êtes bien choisis tous les deux. J’hésitais à déclencher les hostilités, mais au retour…

Et je me suis endormie, décidée à reprendre l’initiative !

Au milieu de la nuit, la sonnerie désagréable du toki me réveille brusquement – ah j’ai perdu l’habitude des bruits mécaniques !

  • Turaan ?
  • Oui, Hiram ? Mais il est… quoi, minuit ? Si tu m’appelles maintenant c’est du sérieux.
  • Plutôt, mon informateur vient de passer ; ils ont repéré au radar anti-personnel des formes suspectes, humaines quoi, dans les bois depuis quatre jours. Heureusement ils ne sont pas doués, et ils n’ont trouvé leur camp que cet après-midi et vide ; leurs occupants sont partis à la chasse pour un ou deux jours.
  • Oh c’est super… euh non, c’est pas super. Ça le serait s’ils cherchaient pas à cacher l’info.
  • Exactement, toi pas besoin de t’expliquer trois heures. Faut que tu reviennes, enfin que vous reveniez tous, si vous êtes là en nombre, ils feront moins de conneries ; mais toi d’abord. Si tu pars demain matin avec un sac allégé, j’te fais confiance pour être là demain soir.

Directif Hiram, l’armée qui déteint, mais il a raison, et j’enchaine,

  • Je pars maintenant !
  • Euh, en pleine nuit ?
  • Je n’dormirais pas de la nuit, n’importe comment.
  • Bon, te faire changer d’avis c’est pas gagné, mais au moins en ce cas, ne pars pas seule, demande par exemple à Miguel, votre géologue de partir avec toi, je me sentirais plus tranquille, et lui il trace !
  • T’as raison…- et puis j’ai osé ajouter – tu t’inquiètes pour moi, Hiram ?
  • Euh, oui.
  • Je… oh non il y a des trucs que je peux pas dire à un toki. Bon j’vais sonner le réveille-matin dès les minuit.
  • Prend garde à toi, ma p’tite mongole.

Il m’a fallu un certain temps pour les réveiller, et surtout pour que les cerveaux se remettent à fonctionner.

  • Moi j’peux plus tenir en place, je rentre tout de suite.
  • Tout de suite ? Maint’nant, en pleine nuit… noire ? insiste Amelia en me montrant le ciel, des fois que j’ai pas remarqué !
  • Oui !
  • Turaan, tu peux croiser des tigres ou une meute de loups.
  • Je sais, faudrait mieux que nous soyons deux.
  • Faut dire qu’à la place de Turaan, j’ferais pareil, a lancé Miguel.
  • Tu m’accompagnes ? Fallait pas qu’il me tende la perche !

Et après un instant d’hésitation,

  • Bon, d’accord. J’vous laisse tout mon matériel, parce que… faut circuler léger.
  • Y compris les trente kilos de cailloux ?
  • Faut bien ! Et puis il n’y en a pas trente, enfin à peine dix, peut-être douze…
  • Escroc !
  • Écoutez, les cailloux, ils vont pas s’envoler, personne ira les faucher. Alors vous les planquez à un endroit mais en relevant soigneusement la position et nous repasserons les prendre plus tard. Ils vont pas pourrir, non ?

La marche nocturne est difficile sur cette planète, car la plus grande lune n’éclaire au mieux que comme un quartier de la nôtre, et elle s’est couchée vers les trois heures du matin. Il y a la toute petite qui passe à toute allure, plusieurs fois dans la même nuit, mais elle n’éclaire guère plus que Vénus chez nous, soit rien du tout et la moyenne ne fait pas beaucoup mieux. Par contre le ciel est très lumineux, comme si la voie Lactée était deux fois plus large et avec dix fois plus d’étoiles – d’après Francesco nous sommes plus près du centre de cette galaxie.

Nous sommes partis en nous éclairant d’une torche en résineux que Miguel venait de nous apprendre à faire, et heureusement des bois – assez clairs d’ailleurs – ont vite fait place à la prairie. Pas de repère, et nous avançons à la boussole, essayant de ne pas trop osciller et de ne pas succomber aux coups de barre

  • Si j’avais un peu mieux écouté Francesco, je saurais repérer le Nord avec les étoiles !
  • Il y a trop d’étoiles pour que ce soit facile même par temps clair; et en plus le ciel est brumeux cette nuit.

La torche devrait faire tenir à distance les gros gourmands qui voudraient afficher du terrien à leur menu. Ce qui me rassure un peu est qu’Amelia a l’impression que ces tigres, meutes de loups et autres pumas sont habitués à la présence humaine, de la manière dont ils nous évitent… quand nous sommes en groupe. Alors deux, est-ce déjà un groupe pour eux ?

Vers la fin de la nuit, ce fut le plus dur, nous ne parlions plus guère, et avancions comme des automates, le vent s’était levé, les lueurs jetées par la torche sur la steppe faisaient lever des fantômes en foule, comme si toutes les générations de troupeaux qui avaient circulé sur cette mer d’herbe se dressaient devant nous, alors que les étoiles commençaient à s’éteindre à l’Est.

Enfin, les premières lueurs de l’aube se sont levées à l’Est au moment où nous vacillions, le ciel était clair, le vent était tombé et nous avons fait un arrêt pour voir où nous étions.

Sauvés une fois de plus par la durée plus courte de la journée que sur Terre : deux heures de moins – nous avons dû programmer des montres en conséquence – et le temps passe toujours plus vite que ce que nous anticipons. Et en prime, prenant mieux nos repères, nous avons découvert que nous avions fait les deux-tiers du chemin.

Pour fêter cela, nous nous accordons une petite pause… et nous nous réveillons en sursaut alors que le soleil déjà haut nous chauffe bien ! Bon, la pause a duré deux heures, mais après un petit déjeuner bien consistant, nous repartons d’un bon pas.

Il n’est pas midi quand nous arrivons en vue de la base, et plutôt que d’y entrer tambour battant et drapeau claquant au vent, nous préférons appeler Hiram.

Il nous conseille d’y entrer discrètement par le versant nord-ouest, profitant de petits bois proches et de se faufiler jusqu’à sa baraque, vers les deux heures au moment de la sieste.

L’enthousiasme est revenu et nous sommes heureux comme des mômes qui vont faire une bonne blague. Nous allons enfin en rencontrer qui vont nous sortir de ce ronron ! Nous sommes trop impatients et, en prenant quelques risques, nous rejoignons Hiram sans nous faire repérer et sans avoir attendu la sieste.

  • Mais pourquoi ces cachotteries et notre mise à l’écart ?
  • Je crois que les chefs militaires là-bas se la jouent perso depuis quelques temps, sans doute en phase avec le conseil des religions.
  • Il n’est plus à l’écart ?
  • Officiellement si, mais en pratique de bonnes âmes pieuses ont fait fuiter des infos, et la chère vieille alliance du sabre et du goupillon s’est reformée. Et attention, un clivage se dessine dans les politiques.
  • Aïe, exactement ce qu’Elric avait anticipé. Va falloir mettre en œuvre les précautions prévues en cas de retournement de situation.
  • Tiens, vous aussi, aviez anticipé ?
  • Et ici, Chenet c’est exactement ce qu’il attendait, ajoute Miguel.
  • Il ferait même du zèle ; il serait capable de prendre des initiatives, ironise Hiram.
  • Aïe, lui, manquait plus qu’ça ! Ils en sont où ?
  • Ils vont aller tout à l’heure entourer le camp, mais à distance et attendre le retour de ses occupants. Alors je vais tenter de les suivre et de m’infiltrer, car certains ont la gâchette un peu facile parmi eux.
  • C’est dangereux, les balles perdues, s’inquiète Miguel.
  • Oh, j’ai l’habitude, et puis ils utilisent les pistolets endormisseurs.
  • Je peux venir ? Enfin non, j’peux pas venir alors ?
  • Turaan, si je dis non, tu vas y aller quand même.
  • Ça, c’est gagné d’avance, renchérit Miguel.
  • Hé, le contact avec les autochtones, c’est ma responsabilité !
  • C’est vrai. Alors je te propose de venir, mais à distance. Regarde la carte : tu passes par là et tu te postes dans ce secteur par lequel, à mon sens, nos inconnus devraient revenir. Justement nos gars n’y sont pas, pour éviter de se faire détecter. Voilà quelques conseils pour te planquer au mieux…
  • Et puis regarde bien à qui tu as affaire avant de jaillir de ton buisson en disant « coucou c’est moi », ajoute Miguel en précisant, oui, on tient tous un peu à toi… quand même.
  • Quand même ? Hum, mais si nous les avons repérés, eux ont sans doute fait de même.
  • C’est la question que je me pose ; enfin non j’en suis sûr, mais plutôt je me demande ce qu’ils doivent penser, s’interroge Hiram.
  • Au fait, ajoute-t-il, les chevaux vont enfin arriver avec un 4×4 solaire tout-terrain. Ils ont renoncé pour l’instant à leur engin lourd.
  • Allez, on se met en place.
  • Et j’assure la réception des autres, propose Miguel.
  • Ils n’arriveront pas avant demain.
  • A voir. Quand nous sommes partis, j’ai entendu que plusieurs étaient partisans de brûler les étapes, quitte à suivre mon exemple et laisser une partie du matériel dans l’abri sous roche que nous avions déniché hier.
  • Prend ce toki, je prends l’autre, on s’tient au courant.

 

La prochaine fois : Rupture

Illustration : Tamrit, la fresque des chasseurs (détail), période bovidienne, Henri Lhote, à la découverte des fresques du Tassili, Arthaud, 1958.

En prime, un peu de country (the Katty Kallick Band with Annie Staninec) : Waterbound