L’inscription maritime

Si vous avez des ancêtres qui habitaient les côtes françaises, il y a de fortes chances que les hommes aient été inscrits maritimes.

Et vous pouvez ainsi obtenir des renseignements introuvables ailleurs sur vos ancêtres, à condition de vous déplacer et consulter les archives du SHD (service historique de la défense) dans le port concerné.

SHD Toulon

À titre d’exemple, voici comment j’ai procédé et ce que j’ai trouvé sur mon grand-père François Goudard, inscrit maritime, au SHD de Toulon.

Pour y accéder, il faut d’abord aller récupérer le fichier matricule de l’ancêtre, qui vous précisera s’il est inscrit maritime. Avec la date de sa classe et son village d’origine, vous pouvez retrouver le quartier d’origine : ainsi mon grand-père de Bouzigues était rattaché au quartier de Sète donc à la cote 11P aux archives de Toulon sur la classe 1900, (les archives des différents ports ont été regroupées à Toulon, Brest, Cherbourg, Lorient ou Rochefort, voir le site  http://www.netmarine.net/guides/genealog/).

L’idéal est d’avoir son numéro d’inscrit maritime (différent du numéro matricule) par exemple Cette n°216 (sous-entendu classe 1900). Sur la fiche matricule il peut être précisé… ou pas.

sette vernet

Note : la ville de Sète a eu une orthographe fluctuante qui s’est stabilisée officiellement en Cette au XVIIIe siècle avant de redevenir Sète en 1928 (voir l’article Sète dans Wikipédia).

 

Pour mon grand-père mort pour la France, son numéro d’inscrit maritime était dans la fiche à son nom sur le site « mémoire des hommes » (http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr/ ).

Si vous n’avez pas le numéro d’inscrit maritime, contactez le SHD concerné pour voir comment procéder. Si vous l’avez, faites de même. Pour Toulon voici les infos pratiques :

infos pratiques SHD Toulon

Au bout de deux à trois semaines, il sera répondu positivement à votre demande avec le détail des cotes où se trouvent les folios recherchés. Il peut y en avoir deux car il y avait une inscription provisoire, puis une inscription définitive conservées dans deux registres différents. Il n’y a plus qu’à convenir d’un jour où aller consulter ces documents.

La salle de lecture dispose aussi d’une bibliothèque très intéressante (que je n’ai pas encore exploité).

À titre d’exemple, voilà le folio de mon grand-père.

P1060518red

P1060520red

On y trouve des renseignements précis sur son apparence physique, en particulier on y lit : Marques particulières : la vue haute. J’ai mis un certain temps à comprendre que « la vue haute » est le contraire de « la vue basse » et signifie en ce cas qu’il voyait très bien au loin. C’est sans doute ce qui lui a valu d’être envoyé à Lorient au bataillon d’apprentissage des fusiliers-marins et lui vaudra en 1914 l’honneur dangereux d’être versé dans la brigade Ronarc’h.

19-février-1916-819x1500

Sa carrière civile est aussi précisée, par exemple après ses 32 mois sur le cuirassé Gambetta, il devient patron pêcheur sur la nacelle Gambetta !

Magenta Toulon

La nacelle est une barque à fond plat et à un mat avec voile latine des étangs du Languedoc et de la Camargue. Et c’est sans doute lui qui a baptisé sa barque comme le cuirassé (hommage ou persiflage ?)

batlexnacelle3

On y trouve enfin des détails succincts sur ses combats, dont le commentaire qui a accompagné sa nomination à titre posthume à la médaille militaire :

a été inscrit au tableau spécial de la médaille militaire

à titre posthume le marin dont le nom suit arrêté ministériel du 30 nov 1920 JO du 7 décembre 20

Goudard François matelot fusilier Cette n°216

soldat d’une bravoure admirable s’est signalé en diverses

circonstances périlleuses particulièrement le 17 décembre 1914

tué le 7 février 1915 à son poste A été cité

p20079 JO 7-12-1920 detail

(détail du JO du 7/12/1920, page 20 079)

Pour l’histoire de l’inscription maritime, voilà un site très intéressant : http://www.unicaen.fr/ufr/histoire/cimarconet/inscription_maritime/historique1.php où vous trouverez cette présentation : L’Inscription maritime fut durant trois siècles l’institution de tutelle de la Marine de l’État sur les gens de mer français. Née pendant le règne de Louis XIV, au XVIIe siècle, l’Inscription maritime s’appela d’abord le « système des classes », à cause des « classes » ou contingents annuels de marins formés dans chaque localité littorale, qui étaient appelés à servir sur les vaisseaux du roi. Le système des classes, réformé à la fin du XVIIIe siècle, devient l’Inscription maritime à partir de la Révolution française, en 1795. Navigants à la pêche ou au commerce, les « inscrits » (sur les registres de l’administration considérée) doivent effectuer leur service militaire dans la flotte de guerre et bénéficient d’un régime de prévoyance, régulièrement renforcé aux XIXe et XXe siècles. Cette « vieille institution » du monde maritime disparaît en 1965 lors de la réforme du service national.