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Ah ces godasses, elles puent, c’est le pied !

Hitomi

Chronique scientifique

Gaz de schiste aux USA

L’agence de l’énergie américaine prévoyait une hausse de la production jusqu’en 2040 et un plateau jusqu’en 2060.

Une étude beaucoup plus précise prévoie un plafonnement en 2020 et un déclin rapide ensuite, sans que d’autres gisements conséquents puissent prendre la relève.

Comment grimper aux murs

Avec des gants copiés sur les pattes de gecko, on peut grimper sur une paroi vitrée.

« J’en veux, j’en veux ! » (signé Moustache)

Tabagisme actif et passif

Pour les particules fines être fumeur est 1000 fois plus nocif que de vivre avec un fumeur.

Nos microbes à nous

Dans notre maison grouillent des milliards de microbes. Mais ce sont les nôtres et ils nous protègent des agents pathogènes. On a nos microbiotes familiaux que le chat ou le chien partage avec nous. Il faut laver raisonnablement sans désinfection pour avoir une faune microbienne abondante et diversifiée.

Tu enfanteras dans la douleur (merci Dieu !)

L’accouchement humain est le plus long (et sans doute le plus douloureux) du monde animal. Ce serait dû à la bipédie qui a amené le canal de naissance à se couder et au grossissement du cerveau.

Chronique historique

Du temps où Yhwh (Yahweh) avait une compagnie féminine :

Jérémie 44,18/19 : « 18 Mais depuis que nous avons cessé d’offrir de l’encens à la reine du ciel et de répandre des libations pour elle, nous avons manqué de tout et nous avons été exterminés par l’épée et par la famine…

19 D’ailleurs, lorsque nous offrons de l’encens à la reine du ciel et que nous répandons des libations pour elle, est ce sans l’accord de nos maris que nous faisons des gâteaux à son image, et que nous répandons des libations pour elle ? »

(cours de Thomas Römer au collège de France du 29 mars 2012)

L’invité du mois (Epicure vu par Michel Onfray)

14 Génie de la vie philosophique.

Et si l’œuvre d’Épicure se trouvait dans la vie philosophique qu’il permet ? Loin des textes, rouleaux et papiers à lire comme des documents secondaires, parce qu’ils existent seulement en fonction de la préparation à l’existence sublimée, le Jardin offre une micro-communauté élective qui seule mérite d’être étudiée comme un objet philosophique. Certes, la tradition n’y invite pas et préfère entregloser une centième fois sur le quadruple remède, la classification des désirs ou la nature des plaisirs chez Épicure, trouvant trop triviale la question de l’existence, de la vie et du quotidien. Pourtant le verbe n’a pas de sens s’il ne se fait chair, les mots ne servent à rien s’ils n’annoncent ou énoncent un genre de vie, un style existentiel, une conversion dans le registre du tous les jours. Antiplatonisme là encore et toujours …

Or le Jardin me semble un genre de personnage conceptuel, une configuration, une communauté dans laquelle s’incarnent les idées qu’un philosophe digne de ce nom pratique pour l’au-delà d’elles-mêmes. Si l’Académie enseigne une parole, une théorie qui paraissent bien éloignées de produire des effets sur le terrain concret, le Jardin laisse de côté le discours sur lui-même pour exceller dans la preuve de l’excellence des thèses formulées en amont. Moins soucieux de changer l’ordre du monde que de se changer, le disciple d’Épicure rompt avec le monde trivial de la famille, du travail, de la patrie, il prend le contre-pied de toute société qui vante les mérites de l’argent, des richesses, des honneurs et du pouvoir. Ce qui fait courir l’homme du commun et génère une vie mutilée, voilà ce qui répugne à l’aspirant sage. Mais vivre dans le monde comme si l’on était hors du monde pose problème : la communauté le résout en offrant ici et maintenant une solution viable.

Le Jardin renvoie au paradis terrestre, situé pour certains Anciens du côté du Tigre et de l’Euphrate. Résumé du monde, il propose un laboratoire, un exemple, ce que pourrait être une société, une cité, une planète inspirées de ce modèle. S’il existe dans la mythologie – Zeus épouse Héra dans le jardin des Hespérides … -, les Grecs en découvrent le charme après les conquêtes d’Alexandre en Asie (début IV). Or Épicure crée son Jardin une vingtaine d’années plus tard en 305-306, dans une période où la conjoncture politique sombre peut trouver son antidote dans la sécession effectuée à l’abri, dans cette microsociété élective,

Le monde craque ? La civilisation s’effondre ? Les guerres, les famines, la prévarication minent le quotidien ? La politique et les politiciens déçoivent ? Les biens matériels aliènent, trompent et balisent des voies sans issues ? Le travail n’épanouit pas ? La famille correspond à autre chose que ce que la société enseigne dès le plus jeune âge ? Les relations avec la plupart s’écrivent bien souvent sous le signe de l’hypocrisie, de la jalousie, de l’envie, de la trahison ? L’intersubjectivité sexuée pose plus de problèmes qu’elle n’en résout ? Normal, le monde va ainsi et pour longtemps …

D’aucuns attendent son changement et espèrent la révolution et le basculement induit par les poussées sociales ou les forces politiques. Certains se contentent de guetter le changement dans le comportement des autres, coupables et fautifs de ne pas correspondre à l’idée qu’ils s’en font. Tel ou tel professe, enseigne, parle, enfile les leçons dans la direction d’autrui comme les perles et vivent en schizophrènes : philosophes par le verbe, communs, très communs, humains, trop humains dans le détail de leur vie quotidienne. Et le monde persiste dans son être : une jungle où la violence le dispute à la fourberie, la force aux ladreries …

15 Le Jardin, une anti-République de Platon.

Et puis il existe une autre solution : un État jubilatoire dans l’État décadent, une enclave épargnée par la négativité, un havre de paix dans lequel on ne promet pas le bonheur pour demain, dans un autre monde, pour une autre vie, mais ici et maintenant, avec le corps que l’on a, en étant ce que l’on est, dans le cadre géographique découpé par la volonté des hommes, dans la périphérie d’Athènes. Le Jardin d’Épicure, c’est l’Anti-République de Platon. Car la Cité de l’auteur du Phédon est parfaite parce que idéale et inexistante, elle rutile, mais sous de faux ors, elle brille, mais à la manière de décors de théâtre inhabitables… L’épicurisme crée du réel, même modeste, là où le platonisme fabrique de la fiction – grandiloquente en plus …

Platon souhaite la hiérarchie, l’ordre, la soumission des producteurs à la caste du philosophe-roi, les deux communautés n’entretenant de relation que médiatisée par l’ordre guerrier ? Épicure réalise une communauté égalitaire où les hommes valent les femmes, les esclaves les hommes libres… La République légitime le mensonge pourvu qu’il y aille du bien de l’État – car l’individu n’existe que pour la communauté ? Épicure croit exactement l’inverse ! Les fragments colligés par Diogène Laërce soutiennent un philosophe qui conseille de se tenir à la distance maximale du politique et fustigent le tyran. Platon aspire à organiser la vie privée, légiférer sur la vie sexuelle des individus, punir quiconque refuse de soumettre sa liberté personnelle au statut de citoyen de l’État Léviathan ? Épicure croit au contrat entre individus consentants pour construire de l’intersubjectivité libre. Le citoyen athénien régit la communauté en jouant de la contrainte, de l’autorité, de la police ? Celui de Samos en appelle à l’amitié. Platon génère les totalitarismes modernes – lire ou relire Popper -?, Épicure les résistances de toujours.

A la campagne, loin du monde, en rupture avec les vilenies produites par les villes – Horace s’en souviendra, Pétrarque aussi… -, le philosophe construit sa liberté, fabrique son autonomie pièce par pièce, un moment après l’autre, patiemment. Jeune ou vieux, la philosophie apporte toujours d’immenses satisfactions : il n’est jamais trop tôt ni trop tard pour pratiquer la discipline épicurienne. L’invite a fait florès sans vraiment produire beaucoup d’effets chez les philosophes: vivre caché, ne pas s’exposer, ne pas faire de publicité au détail de son existence, révéler l’accessoire pour mieux taire et cacher l’essentiel, parler pour organiser son silence, révéler pour mieux dissimuler ce qui doit rester à l’abri. Le contraire d’une vie en cage de verre telle qu’y contraindrait la République de Platon …

Là où Platon, en pythagoricien fidèle, donne aux femmes un rôle secondaire (assurer la reproduction des familles, la cellule de base de toute société, procréer, élever les enfants, assurer les tâches domestiques et ménagères, du moins les superviser avec les esclaves femmes à leur service), Épicure efface toute différence entre les sexes. Pas de misogynie, pas de sexisme, pas de phallocratie, pas de réduction du féminin aux ovaires, mais une pratique libre et commune de la philosophie, entre égaux. La tradition a conservé le nom de quelques femmes prétendument philosophes parmi les pythagoriciens – Théano, Périctioné, Phintys, Mélissa et Myia -; elles brillaient dans l’indigence en professant la soumission au mari, l’excellence du silence, la perfection dans l’obéissance, la tolérance des frasques de l’époux, et autres sottises afférentes à la domesticité conjugale.

L’histoire de l’épicurisme conserve les noms de Mammarion, Hédeia, Erotion et Nikidion, Léontion et Thémisa, autant de prétendues courtisanes avec lesquelles, si l’on en croit ses adversaires, l’hédoniste Épicure a fait la bamboula, évidemment. .. Plus probablement, elles ont philosophé avec Métrodore ou les dédicataires des trois fameuses lettres – Pythoclès, Hérodote et Ménécée – dans la plus parfaite des égalités. Ce qui ne pouvait entrer dans la cervelle d’un Grec moyen de l’époque, convaincu, comme tous les mâles au front étroit de la planète, que le féminin et la philosophie vivent sur deux planètes définitivement étrangères.

(Extrait de : les sagesses antiques – contre-histoire de la philosophie tome 1 par Michel Onfray)